Stéphane R.

7,20
Conseillé par
11 mai 2020

Je suis charlie

Après l'immense émotion suscitée suite aux attentats contre Charlie Hebdo, C. Fourest recense toutes les voix dissonantes de ceux qui n'ont pas voulu être Charlie : du front national au intégristes en passant par les islamo-marxistes et certains humoristes qui rient avec les terroristes au lieu de se moquer des terroristes. Ensuite elle revient sur l'affaire des caricatures danoises de Mahomet pour les remettre dans le contexte. Puis, elle interpelle ceux qui utilisent bien rapidement le terme d'islamophobie pour désigner ceux qui dénoncent les intégristes. Enfin elle oppose la conception française et anglo saxonne de la laïcité et de la liberté d’expression qui mène à l'auto censure et qui fait le jeu des fanatiques. Elle en conclut que si tous les médias avaient publié les caricatures de Mahomet, l'attentat aurait pu être évité. C'est un livre courageux. L'auteure n'avance pas masquée mais au lieu de rédiger un pamphlet afin de régler ses comptes à distance avec les détracteurs de Charlie Hebdo, elle fait œuvre de pédagogie pour expliquer les dangers de certaines postures "responsables" et ce avec des nuances ce qui permet au lecteur de faire la part des choses et de comprendre les enjeux du droit au blasphème et de la liberté d'expression. Ceux qui appellent au meurtre de dessinateurs de presse ne défendent pas leur foi, mais mènent en réalité une croisade contre l'un des piliers de notre culture.

La République et le sacré

Folio

3,70
Conseillé par
11 mai 2020

Pour prendre de la hauteur.

Ouvrage écrit dans le contexte du débat sur la loi de 2004 sur les signes ostentatoires à l'école. L'auteur s'appuie tout d'abord sur Jean Zay et sa circulaire de 36 pour montrer qu'il est possible de légiférer sur le voile sans stigmatiser une religion en particulier. Puis il milite ensuite pour que l'école redevienne "cet asile inviolable ou les querelles des hommes ne pénètrent pas", qu'elle cultive cette contre-culture et cette fonction thermostatique de la société chère à Mérieux qu'il cite. L'école ne doit pas céder à une société qui fait de la démocratie : l'abandon des exigences ; le respect des identités : la confirmation des préjugés ; les devoirs : une brimade et les sanctions une vexation. Enfin l'auteur milite pour l'instauration d'une service civique universel pour que la république ne soit pas juste une juxtaposition de principes et valeurs, mais pour que la jeunesse puisse les expérimenter. On ne remplace pas une culture charnelle par un universel abstrait. Dans le même ordre d'idée, il défend une laïcité active qui ne serait pas juste un mot écran que l'on brandirait à chaque fois qu'il y a un problème, mais une attitude de responsabilité protectrice.

voir, savoir, comprendre

Fayard/Mille et une nuits

10,20
Conseillé par
11 mai 2020

Raconter l'indicible.

Cet ouvrage recueille les 3 conférences prononcées au collège de France en 2007 à l'initiative de la FMD. L’étude de l’univers concentrationnaire et du génocide ont connu deux trajectoires différentes. L’univers concentrationnaire a dès le début été étudié par des historiens qui étaient souvent d’anciens déportés politiques et résistants alors que l’étude du génocide a été réalisé par des profanes comme Léon Poliakov ou Joseph Billig. Néanmoins, ces profanes ont rapidement pu recueillir une somme colossale de documentation historique de l’occupant, et pas uniquement des témoignages, grâce notamment au Centre de documentation juive créée par Isaac Schneersohn en 43. L’ouvrage « le bréviaire de la haine » de Poliakov de 1951 est toujours d’actualité. Par contre les recherches sur l’univers concentrationnaire ont peiné par manque de sources historiques autre que les témoignages. Il a fallu 10 ans pour les collecter. Mais le temps presse. Les études historiques ne peuvent toucher qu’une population d’initiés et les nouvelles générations risquent de passer à côté de ces tragédies. Il faut donc inventer des formes de communication grand public. C’est ce qui sera fait avec le film « nuit et brouillard » en 1955, la création du musée d’Auschwitz des 47, le tombeau des martyrs juifs à paris en 56 (futur mémorial de la Shoah) ou le filmage du procès d’Eichmann en 61 qui vont permettre de « transformer la mémoire en monument, et en mémorial ».

Vie et mort de Georges Guingouin

Gallimard

18,90
Conseillé par
10 mai 2020

Ce que nous lui devons

Le héros c'est celui que l’on n’attend pas et qui sort de sa réserve pour accomplir un acte salutaire hors norme. C'est aussi celui qui sait dire non, qui sort du rang, qui embrasse une cause qui dépasse son propre intérêt. Mais c'est aussi celui qui prend des coups, qui n'est pas épargné par les autres, celui à qui on conteste la légitimité de son action et dont on va essayer de ternir la réputation. Enfin c'est aussi celui qui réussit contre toute attente à sortir vivant des épreuves et pièges qui lui sont tendus à la fois par les nazis, mais aussi les autorités françaises de Vichy sans oublier ses "amis" communistes. C'est pour cela que le qualificatif de héros lui va si bien à G. Guingouin. Il a fait honneur à la Résistance et à la France par son engagement citoyen.

Ce genre littéraire est intéressant, car il convient bien au personnage et il permet à ceux qui sont hermétiques aux livres d'Histoire de connaitre ce personnage fascinant qu'est G. Guingouin. Il s'agit bien d'un roman historique bien documenté et de qualité ou l'on se pose parfois la question de l'authenticité d'un épisode, mais l'auteur est rassurant : il n'a inventé que les dialogues et les réflexions intimes des personnages ce qui permet d'humaniser les protagonistes. Si ensuite, vous avez envie d'en savoir plus, vous pouvez consulter l'ouvrage de Fabrice Grenard : Une légende du maquis, GG du mythe à l'Histoire et regarder le film : le Grand George.

Conseillé par
10 mai 2020

Un art de vivre

La laïcité n'est pas un sport de combat. C'est un principe humaniste qui permet de se rassembler par-delà nos différences sans les nier ni les juger. C'est un choix de civilisation, c'est une posture d'émancipation de l'individu par rapport au groupe auquel il se réfère et de coexistence pacifique. Mais si l'on est d'accord sur le mot, l'est-on sur la chose ? Au-delà des mots, comment la décliner au quotidien ? Ce guide s'inspire de la lettre de Jules Ferry de 1883 qui rappelait que pour faire comprendre la laïcité, il fallait "peu de formules, peu d'abstractions, beaucoup d'exemples pris sur le vif de la réalité" C'est bien ce que se propose de faire ce petit guide pratique que tous fonctionnaires, drh, responsables en général peut avoir dans son bureau pour s'imprégner de l'esprit de la laïcité. Il manque peut-être quelques entrées comme : espaces, école, hôpital, mais je sur que cet outil est appelé à être augmenté dans les années à venir, car nous n'avons pas fini d'en parler...