Armées, bananes, confection, Une analyse féministe de la politique internationale
EAN13
9791094791226
ISBN
979-10-94791-22-6
Éditeur
SOLANHETS
Date de publication
Nombre de pages
527
Dimensions
21 x 14,8 x 3,1 cm
Poids
780 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Fiches UNIMARC
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Armées, bananes, confection

Une analyse féministe de la politique internationale

De

Traduit par

Solanhets

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Extrait (traduction de Caroline Sordia)

La plupart d’entre nous – et c’est bien compréhensible – préféreraient penser que l’attrait de la réclame publicitaire de telle ou telle entreprise est culturel, et non politique. Nous voudrions croire qu’aller en vacances en Jamaïque plutôt qu’en Égypte relève purement du domaine social, voire esthétique, et non du choix politique. Beaucoup de femmes et d’hommes préféreraient également penser les relations sexuelles comme confinées dans l’espace intime du désir et de l’attirance individuelle, protégées de toute manipulation politique. Et pourtant, les dirigeants d’entreprise choisissent certains logos plutôt que d’autres pour faire appel aux stéréotypes de certaines féminités racialisées chez les consommateurs. Les agences gouvernementales construisent une image marketing autour de la beauté – ou de la serviabilité – présumée des femmes de leur pays pour générer des recettes touristiques bien utiles. Pour renforcer certains fondements de l’« ordre social », les parlementaires échafaudent des lois spécialement destinées à punir certaines formes d’attirance sexuelle et, simultanément, à en encourager d’autres. Le pouvoir, le goût, l’attirance et le désir ne s’excluent pas mutuellement.
Si l’on ne prête pas suffisamment attention aux femmes – à toutes sortes de femmes –, on ne pourra pas comprendre qui exerce du pouvoir et à quelles fins. Telle est l’une des principales leçons de la recherche féministe en relations internationales.
Le pouvoir transcende les frontières. Songez seulement à la dynamique de pouvoir des relations conjugales. Quelle sorte de mariage de qui avec qui est reconnue par quels gouvernements, et dans quel but ? Pour répondre à cette question aux multiples angles d’approche, il faut se pencher attentivement sur le pouvoir. Il faut chercher à comprendre qui a le pouvoir de décider qu’un citoyen de sexe masculin peut épouser une femme ou un homme d’un autre pays, et donner par là sa propre nationalité ou citoyenneté à son époux ou épouse, alors qu’une femme épousant une personne d’un autre pays ne pourrait pas le faire. Ceux qui ont accès au pouvoir politique en font usage pour contrôler les mariages, car les relations conjugales entre personnes du même sexe ou de sexe opposé affectent les migrations transnationales et l’accès aux privilèges de la citoyenneté conférée par l’État. Le mariage, c’est politique. Et c’est international. (…)
L’un des principaux bénéfices intellectuels que l’on tire de l’observation attentive de la place des femmes dans la politique internationale – ainsi que de la manière dont elles sont arrivées à cet endroit et de ce qu’elles pensent de cette situation –, c’est qu’elle met au jour à quel point le pouvoir politique s’exerce bien plus intensément que la plupart des experts dépourvus de curiosité féministe voudraient nous le faire croire.
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